L'histoire des
FERGUSON de France
TE-F20, TE-A20, FF30 et autres
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L'histoire des FERGUSON de France TE-F20, TE-A20, FF30 et autres |
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Préambule :
L'objet de cette petite étude est de préciser, autant que faire se peut, la genèse et la courte épopée des tracteurs Ferguson "made in France ". Cette question fait l'objet d'une polémique régulièrement entretenue, essentiellement à cause du manque criant d'archives, du moins pour ce qui concerne ce coté-ci de la Manche.
Les premières données recueillies par le recensement des tracteurs Ferguson de France se rapportent aux 250 fiches qui ont été saisies actuellement (20/04/2006). Cet échantillon, qui représente une année de collecte, commence à être significatif et permet d'ores et déjà , si ce n'est de tirer des conclusions, à tout le moins de confronter des chiffres quelquefois fantaisistes à des réalités factuelles.
Mon propos ne vise pas à retracer cette épopée de façon exhaustive, d' autres l' on fait de fort belle façon, et il n' y a rien de vraiment nouveau pour les connaisseurs, pas de scoop non plus ! Il se veut simplement une analyse, une restitution en quelque sorte, d'un travail collégial qu'il convient de partager avec le plus nombre en guise de remerciement... Vive Internet !
Et si, dans les lignes ci-dessous, il vous semble noter quelque inexactitude ou imprécision , ne vous privez pas de me le faire savoir ! C'est l'esprit même de ce travail ! Réagir
Mode opératoire
Vous pouvez , si vous en avez le temps et la patience, lire l'article en entier, sinon le feuilleter par année !
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Période de fabrication à Coventry
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Période de fabrication à St Denis |
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CADRE GEOPOLITIQUE
L'histoire de Ferguson commence en France au lendemain de le 2° guerre mondiale. En 1945 , la France est dans la situation que vous connaissez tous : le pays est exsangue, l'économie ruinée, le tissus industriel détruit et l'agriculture pas ou très peu mécanisée. Mais c'est la victoire et, ni la volonté, ni le courage ne manquent pour reconstruire une nation forte et prospère.
Dans cette période de l'immédiate après guerre, le gouvernement provisoire de De Gaulle est confronté à des difficultés majeures qui tiennent à la pénurie des matières premières, de machines outil, de locaux industriels ...Avec son ministre du Commerce, Jean Monnet, ils établissent un plan qui porte son nom, le Plan Monnet, qui vise à accroître la production et les échanges, améliorer les rendements et assurer le plein emploi. Avec le soutien financier des américains ( Plan Marshall) ce plan définit des programmes précis et sera mis en application dès 1946 .
Si l'économie française était plutôt libérale jusqu'alors, cette période se caractérie par un pouvoir accru de l'Etat ( nationalisation des secteurs clés: le crédit ( Banque de France et principales banques de dépôt ), l'énergie ( charbon, gaz et électricité ), le transport aérien ( Air France ), et l'automobile avec la nationalisation de Renault.
Pour ce qui est de l'agriculture, la production avait chuté de plus d'un tiers par rapport à 1938, entrainant le rationnement et de gros problèmes de ravitaillement . La totalité des nombreuses petites exploitations et même les fermes de moyenne importance cultivaient leur terre de façon archaïque, les seuls outils existants étant mis en oeuvre pour la force animale. En terme de tracteurs, les besoins étaient évalués à 1 million d'unités pour les 10 à 15 ans que durerait cette phase de modernisation des exploitations .
La période des TE fabriqués en Angleterre
La série 20 des tracteurs Ferguson est composée de deux grandes familles:
| C'est dans le cadre de ce plan MONNET que l'Etat passe commande de plus de 8000 tracteurs auprès de la société Harry FERGUSON Inc. Détroit USA , qui seront livrés pour part en 1946, le reste en 1947. Rappelons nous les termes du fameux " handshake agrement " avec Henry Ford en octobre 1938. Si Ford construisait les tracteurs , Harry Ferguson avait obtenu l'exclusivité de la vente et de la distribution ainsi que le développement et la commercialisation des outils. | ||
| Ces quelques 8000 tracteurs importés sont donc des Ford Ferguson de la série des 2N produits en 1946 et 1947. |  |
Quelques exemplaires de cette série subsistent et cinq sont visibles dans la liste des Ferguson ( relevons au passage que les N° de série ne sont pas totalement cohérents avec les chiffres officiels et que certains engins annoncés comme des 9N semblent visiblement être des 2N ) |
| Mais Harry Ferguson avait senti le vent tourner. Il caressait depuis bien longtemps l'espoir de construire un tracteur en Angleterre. | ||
Le voici avec Sir John Black, PDG de la Standard Motor Company, posant devant l'un des tout premiers TE20 construits en UK . Le contrat de fabrication a été signé dès le 20 aout 1946 |
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Dès 1946 , il est envisagé une exportation vers la France Un document très intéressant illustre cette phase de négociation. Il s'agit d'un compte rendu de visite officielle aux usines de Coventry ( Aout 1946) Voir sur le site de Marc Esprit : |
Le contrat attribuait l'exclusivité de la fabrication et du montage à la Standard Motor Compagny pour l'hémisphère Est pour une période de 10 ans. Harry Ferguson créa une compagnie indépendante, la Harry Ferguson Ltd qui se chargeait de la commercialisation, de la recherche et du développement des tracteurs ainsi que des impléments. Avec sa contre partie américaine , la Harry Ferguson Incorporated , ils forment la Ferguson Holdings Ltd. |
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Les choses se gâtent outre atlantique. Ford ( le petit fils Henry II) met fin au contrat avec Ferguson en novembre 1946 et sort un nouveau tractreur, le FORD 8N dès juillet 1947, commercialisé cette fois par la Deaborn Motors Corporation. Le dernier 2N sort des chaines mi juillet 1947 et Harry Ferguson se retrouve avec un réseau de distribution très conséquent...et plus aucun tracteur à vendre ! Ford utilisant le System Ferguson sur ses 8N , sans disposer des brevets et sans en payer les royalties, l'affaire se temina par le procès que l'on sait. |
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Le site choisi pour la fabrication des tracteurs Ferguson est l'usine de Banner Lane, à Coventry . C'est une des usines dite fantômes construites en 1938 pour l'effort de guerre. Elle en conserve d'ailleurs le camouflage au moment de la prise de cette photo. Ces installations abritaient l'assemblage des Bristol et autres Mosquito, célèbres chasseurs bombardiers de la 2° guerre mondiale . |
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Dès 1947, La Standard Motor Company propose à Ferguson une implantation en France : voir le document sur le site de Marc Esprit |
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Un modèle de 1947 recensé dans la liste des Ferguson . Un oeil exercé reconnaitra aisément au look plus trapu que ce TEA 20 ne dispose plus de son moteur d'origine . En effet avec l'arrivée en 1956 d'un carburant détaxé , le Fuel Oil Domestique , nombre de tracteurs ont été convertis au diesel. Ici, il s'agit d'un moteur Perkins P3, certainement le plus courant. La transformation était quasi industrialisée. D'autres moteurs furent utilisés, comme le Cérès, le CLM.... |
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Le distributeur en France des produits Ferguson était la COGEMA Compagnie Générale des Machines Agricoles crée en 1947: voir le document sur le site de Marc Esprit Communiqué de presse de la Cogema Harry Ferguson pensait s'appuyer sur cette compagnie, non seulement pour commercialiser ses outils, mais aussi, à terme, pour produire ses tracteurs en France. Ce projet ne se concrétisa que 5 ans plus tard, en 1953, avec la création d'une nouvelle société et la fusion avec Massey Harris . |
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Les modèles de 1948 sont nombreux dans la liste des Ferguson, 24 actuellement soit environ 10% des tracteurs recencés. Les importations, facilitées par la mise en oeuvre du plan Marshal, ont été conséquentes. A droite, une plaque d'un modèle de 1948. La liste des brévets est imposante et n'étonnera personne après les déboires récents de Ferguson avec Henry Ford .
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Deux vues des ateliers de Banner Lane, l'usine de la Standard Motor Company . Le hall est gigantesque, dimensionné pour l'assemblage de 500 tracteurs par jour. |
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Le service expédition de l'usine de Banner Lane . Les tracteurs étaient sommairement démontés et conditionnés par 2 dans de grandes caisses en bois. |
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Le quartier général de la Harry Ferguson Ltd à Fletchampstead . Harry et son staff s'occupaient de la recherche et du développement des tracteurs, des impléments ainsi que leur commercialisation. Rappelons que la Standard Motor Company disposait de l'exclusivité de la fabrication pour l'hémisphère Est.
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Les affaires marchent plutôt bien !!! La Rolls Royce que l'on aperçoit devant le bus en face de la porte principale est celle de Harry Ferguson. . |
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Les modèles de 1949 sont rares dans la liste des Ferguson...et pour cause , la manne américaine se fait plus parcimonieuse, les importations sont réduites et la priorité nationale va au rétablissement d'un tissu industriel . Il s'agit du seul modèle de 1949 recensé avec sa photographie. Que le lecteur ne s'y trompe pas, le TEA de l'époque est bien gris, entièrement gris. La touche de rouge n'intervient que bien plus tard, en 1957 avec l'arrivée des FF 30. |
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Renversant Les essais se poursuivent dans la campagne autour de Coventry, ici au labour avec un TE motorisé Perkins P3 . La consigne était simple... cassez la machine !!! A droite : mission accomplie....avec le sourire.. Le P3 avait bien plus de couple qu'un standard 85C et un centre de gravité un peu plus haut. Alors, avec une charrue 3 socs et une manoeuvre hardie de demi tour ... voilà le résultat !!! |
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Seulement 4 exemplaires de l'année 1950 sont actuellement recencés dans la liste. Ce sont encore des TEA 20, modèles à essence équipés en 6 V. Les moteurs diesel n'apparaissent que l'année suivante en 1951 . |
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| Les tracteurs du millésime 1951 ne sont guère plus nombreux dans la liste actuellement ( il y en a 8 en tout ). Et pourtant , avec près de 80 000 unités produites cette année là, les usines des Coventry tournent à plein régime . | |
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Un modèle de 1951 exporté en Belgique . Comme tous les Fergies, celui là était gris, comme les autres...les modèles export ne bénéficiant pas d'un traitement de faveur !
En fin d'année apparaissent les premiers TEF , motorisés avec standard 20C fonctionnant au gas oil . |
Création de la Harry Ferguson de France SA . La Harry Ferguson Ltd. (U.K.) détient 70% du capital action, le reste appartenant à des investisseurs français. La société absobe et remplace la COGEMA, qui disposait de l'exclusivité de la distribution des produits Ferguson en France. C'est le prélude à une fabrication sous licence en France. Il ne reste plus qu'à trouver un partenaire à la Standard Motor Company, ce qui fut fait l'année suivante. |
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Cette fois, il s'agit d'un exemplaire "résidant" un France et restauré avec une grande minutie. Il s'agit d'un des plus anciens TEF 20 de notre liste des Ferguson.
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